La Filature et la soie

Les Cévennes, pays de la soie

Au XIIIe siècle dans tout le Languedoc, et notamment dans les Cévennes, presque chaque famille « éduque le ver à soie et tire son fil ». La Filature à l'Estrechure
Le fil brut est alors vendu à des négociants. L’étape du moulinage, puis du tissage, a lieu dans les villes de la plaine.

Aux limites des Cévennes, à Ganges, au Vigan, à Anduze ou encore à Saint-Jean-du-Gard, en revanche, c’est la bonneterie qui prend son essor. Les bas de soie cévenols vont habiller tous les mollets des cours d’Europe. La prospérité des élevages de vers à soie connaît son apogée lors de la première moitié du XIXe siècle. C’est l’époque aussi où les petits ateliers de filature sont peu à peu remplacés par des unités plus productives.

La vapeur a fait son apparition et ouvre la porte à l’industrie. Les filatures des bourgs cévenols vont employer chaque jour des centaines d’ouvriers, mais surtout d’ouvrières.
Si les femmes se retrouvent majoritaires dans beaucoup de filatures, elles régnaient déjà depuis le début de l’aventure de la soie sur l’éducation du ver. Elles accordaient tous leurs soins et parfois leurs prières pour que la graine devienne cocon.

La Filature, aujourd’hui

Gîtes La FilatureLa Filature « la prolétarienne », que nous avons acheté en juin 2015, est une ancienne Filature de soie coopérative villageoise fondée en janvier 1910. Cette coopérative fut inaugurée sous forme de société anonyme dont le Conseil d’Administration était élu. Des actions d’une valeur de 100 francs furent émises, les habitants pouvant s’en porter acquéreurs en les achetant ou en travaillant à la construction de la filature pour en obtenir.

Parallèlement, une société de secours mutuel fut fondée, l’ensemble incarnant la modernité et l’aspect social de cette entreprise innovante.

La filature travaillait pour la Compagnie des soies d’Indochine.
Il y eut deux vagues de réduction progressive des activités en particulier vers 1925 et 1942. Des élevages entiers de vers ont été dévastés par une maladie : la pébrine. L’ouverture du canal de Suez qui favorise l’arrivée des soies chinoises et japonaises, puis la concurrence de la rayonne accélèrent le déclin de la sériciculture.
En 1950, elle employait encore une quarantaine d’ouvrières et ferma définitivement en 1955.

Après cette date, les activités des filatures locales se regroupèrent dans celle de Maison Rouge à St Jean du Gard qui elle-même cessa toute activité en janvier 1965. C’était la dernière filature de soie française en activité.

Le bâtiment fut ensuite entièrement remodelé en habitations avec réduction des grandes baies, entre les piliers, en simples fenêtres et création d’un étage de combles par division horizontale de l’atelier. Le bâtiment actuel se situe à la sortie du village côté Saumane et sert aujourd’hui de gîtes dit « La Filature ».